Luxation antérieure d'épaule récidivante- Instabilité antérieure chronique de l'épaule
- Dr Emmanuel DAHAN
- 19 oct. 2024
- 6 min de lecture
Dr Emmanuel Dahan, Chirurgien de l'épaule à Paris
L'instabilité antérieure chronique de l'épaule est une pathologie fréquente qui affecte principalement les patients jeunes et actifs.
Elle survient après des épisodes répétés de luxation de l’épaule, créant une apprehénsion dans certain mouvements et un risque de récidive des épisodes de luxation lors de traumatismes mineurs.
Dans cet article, nous allons détailler les mécanismes de cette instabilité, les causes, les symptômes, et les solutions chirurgicales qui existent pour restaurer la stabilité de l'épaule.

Qu'est-ce que l'instabilité antérieure chronique récidivante de l'épaule ?
L’instabilité antérieure chronique récidivante de l’épaule se manifeste par des luxations répétées associés ou non à des épisodes de subluxation en raison de la faiblesse des structures stabilisatrices.
On parle de subluxation lorsque l’articulation dépasse son amplitude anatomique normale, causant ainsi une lésion aux structures avoisinantes.
On parle de luxation lorsque les deux surfaces articulaires ont perdu totalement leur congruence pour un laps de temps plus ou moins long.
L’instabilité est dite antérieure lorsque la tête de l’humérus sort de sa position normale en avant de l’articulation gléno-humérale.
Cette condition devient chronique lorsque ces épisodes de luxation se répètent dans le temps.
La répétition des épisodes d'instabilité peut entraîner des dommages supplémentaires aux tissus mous (capsule, ligaments, labrum, tendons de la coiffe) et, dans certains cas, au cartilage ou à l’os.
Anatomie de l'épaule et mécanismes de l'instabilité d'épaule
L'épaule est l'articulation la plus mobile du corps humain, mais aussi l'une des plus instables. Il s'agit d'une articulation non conntrainte.
Plusieurs structures anatomiques permettent d'enn assurer la stabilité :
Les élements osseux: une cavité glénoîdienne concanve et une tête de l'humérus convexe.
Le labrum ou bourrelet glénoîdien : une structure fibrocartilagineuse qui renforce la cavité glénoïdienne où s'articule la tête de l'humérus, qui stabilise l'articulation gléno-humérale et sert de site d'attache aux ligaments gléno huméraux.
Les ligaments gléno-huméraux : un groupe de ligaments qui stabilisent l'articulation.
Les muscles de la coiffe des rotateurs : ils stabilisent dynamiquement l’épaule en coordonnant les mouvements.
Lors d'une luxation, la tête de l’humérus sort de la cavité glénoïde, souvent suite à un traumatisme ou une chute avec le bras en position d’abduction et de rotation externe. Cela peut entraîner une lésion du labrum (lésion de Bankart) ou des lésions osseuses (fracture de la glène ou encoche de Hill-Sachs sur la tête humérale).
Si ces lésions ne guérissent pas correctement, l'instabilité persiste et devient chronique. Les mouvements ou efforts répétitifs, notamment dans les sports de contact ou d'armé contré (rugby, handball, sports de combat) ou les sports demandant des gestes en overhead (natation, tennis), peuvent exacerber cette instabilité.
Les causes et facteurs de risque
L’instabilité antérieure chronique récidivante de l'épaule est la conséquence d'un ou plusieurs épisodes d'instabilité.
Elle peut être favorisée par :
Une lésion labrale suite à un ou plusieurs épisodes de luxation
Une lésion osseuse : Encoche postéro supérieure de Hill-Sachs et ou lésion glénoïdienne (Bony-Bankart)
Un déséquilibre musculaire par faiblesse des muscles de la coiffe des rotateurs.
Une hyperlaxité constitutionnelle : certaines personnes présentent des articulations naturellement plus souples, ce qui peut favoriser les luxations.
La répétition des gestes sportifs sollicitant l'épaule notamment en abduction-rotation externe (sport d'armé contré, de lancer, sports de combat, escalade, etc...)
Les personnes jeunes, actives ou les sportifs de haut niveau sont les plus exposés à ce type de blessure.

Les symptômes de l’instabilité antérieure chronique de l'épaule
Les symptômes varient en fonction de la gravité de l’instabilité, mais incluent généralement :
Luxations récurrentes : avec ou sans traumatisme.
Douleur à l’épaule : généralement lors de mouvements d'abduction et de rotation externe.
Sensation d'épaule "lâche" ou instable : certains patients peuvent ressentir une gêne chronique ou avoir la crainte que l’épaule se déboîte dans certaines positions.
Perte de force : il peut devenir difficile d’exercer des mouvements précis, notamment lors des gestes en overhead.
Ces symptômes peuvent fortement affecter la qualité de vie et limiter la pratique de sports ou d'activités professionnelles impliquant les bras.
Le diagnostic d'instabilité antérieure chronique récidivannte de l'épaule
Plusieurs tests spécifiques permettent d'évaluer la stabilité de l'articulation gléno humérale et de repérer les signes d'une hyperlaxité (constitutionelle ou acquise).
Les tests cliniques spécifiques pour évaluer une instabilité antérieure de l'épaule incluent :
Test d'Apprehension
Objectif : Détecter une sensation d'appréhension à l'idée d'une luxation antérieure.
Procédure :
Le patient est en position couchée, avec le bras à 90° d'abduction et le coude fléchi à 90°.
Le clinicien applique une rotation externe progressive du bras.
Résultat positif : Le patient exprime une appréhension ou une sensation de luxation imminente plutôt qu'une douleur.
Test de Relocation de Jobe (ou d'appréhension et de réduction)
Objectif : Confirmer l'instabilité antérieure.
Procédure :
Après un test d'appréhension positif, le clinicien applique une pression postérieure sur la tête humérale pendant la rotation externe.
Résultat positif : La sensation d'appréhension disparaît ou diminue, ce qui est un signe d'instabilité.
Test de Lachman modifié (Test du tiroir antérieur)
Objectif : Tester la translation antérieure de la tête humérale.
Procédure :
Le patient est en décubitus dorsal, bras légèrement en abduction et en rotation externe.
Le clinicien stabilise la scapula avec une main et applique une translation antérieure sur la tête humérale avec l'autre.
Résultat positif : Une translation excessive vers l'avant par rapport au côté opposé, associée à une douleur ou une appréhension.
Test de la laxité (Test du sulcus)
Objectif : Évaluer la laxité générale de l'articulation.
Procédure :
Le patient est assis ou debout, bras détendu.
Le clinicien tire doucement l'humérus vers le bas.
Résultat positif : Un sulcus (une dépression visible ou palpable) se forme sous l'acromion, ce qui indique une laxité générale.
Test de Gagey
Le clinicien stabilise la scapula et élève passivement le bras du patient en rotation interne complète jusqu'à une abduction maximale.
Résultat positif : Une amplitude de mouvement excessive indique une laxité de la capsule inférieure.
Les examens d’imagerie utiles au diagnostic sont
Les radiographies standards (Face 3 rotations + profil + incidence de Bernageau)
Le scanner afin de visualiser les lésions osseuses
L'arthro scanner ou l'arthro IRM afin de mettre en évidence les lésion du labrum, les lésions cartilagineuses et les éventuelles lésions tendineuses de la coiffe des rotateurs associées.

Les options de traitement
1. Traitement conservateur
Dans certains cas d’instabilité, le traitement conservateur peut être envisagé.
Il repose sur :
- Rééducation fonctionnelle : le renforcement des muscles de la coiffe des rotateurs et des muscles stabilisateurs de l’omoplate est essentiel. La rééducation doit être supervisée par un kinésithérapeute spécialisé.
- Modifications des activités : éviter les gestes ou activités à risque qui pourraient provoquer une luxation.
Cependant, dans les cas d'instabilité chronique avec récidive fréquente des luxations, le traitement chirurgical est souvent nécessaire pour rétablir la stabilité de l'épaule.
2. Traitement chirurgical
Plusieurs options chirurgicales existent pour traiter l’instabilité antérieure chronique :
a. Réparation du labrum : la technique de Bankart
C'est l’intervention la plus répandue, notamment dans les pays anglo-saxons, dans les instabilités antérieures avec des pertes osseuses minimes ou chez les sujets agés.
Dans certains cas elle la réparation du bourrelet peut être associée à un remplissage de l'encochhe de Hill Sachs par le tendon de l'infra épineux.
Cette technique consiste à réparer et refixer le labrum (bourrelet) sur la glène à l’aide d’ancres, sous arthroscopie (chirurgie mini-invasive). Cette technique permet de restaurer la stabilité anatomique de l’épaule.
b. La butée coracoidiennne de Latarjet
Dans les cas d’instabilité sévère avec une importante perte osseuse de la glène, ou chez les sportifs ayant des activités à risque, la butée osseuse selon Latarjet peut être indiquée. Elle consiste à transférer un morceau de la coracoïde avec le tenndon conjoint (coraco biceps et coraco brachial) au travers du muscle sous scapulaire pour augmenter la surface de la glène et renforcer la stabilité. Cette technique est particulièrement efficace chez les sportifs à haut risque de récidive.

c. Traitement des lésions associées
Si une lésion de Hill-Sachs importante est présente, des techniques additionnelles comme la remplissage de l’encoche (remplissage Hill-Sachs) par le tendon de l'infra épinneux peuvent être nécessaires.
La rééducation post-opératoire
La rééducation après une chirurgie de stabilisation est cruciale pour assurer un bon résultat. La période d’immobilisation après l’opération est généralement de 10 jours à 6 semaines en fonction des techniques chirurgicales utilisées , suivie d’une rééducation progressive pour récupérer la mobilité et la force de l'épaule. Le retour aux activités sportives peut prendre entre le 4ème et le 6ème mois post opératoire, selon l’intervention réalisée.
Conclusion
L'instabilité antérieure chronique récidivante de l'épaule est une pathologie qui peut fortement impacter la qualité de vie si elle n’est pas correctement prise en charge.
Grâce aux progrès des techniques chirurgicales, il est aujourd’hui possible de restaurer durablement la stabilité de l’épaule, permettant aux patients de retrouver une activité normale, voire sportive et d'éviter à terme une arthrose de l'épaule post instabilité.
En tant que chirurgien de l'épaule à Paris, je propose une prise en charge personnalisée pour chaque patient, avec un suivi rigoureux afin de garantir les meilleurs résultats possibles.
Pour toute question ou pour un rendez-vous, n’hésitez pas à me contacter via le formulaire de contact de mon site internet.
Dr Emmanuel Dahan
Chirurgien Orthopédiste - Chirurgien de l'épaule à Paris
Spécialisé en Chirurgie de l'Épaule et du Sport
Paris, France
Institut de Recherche en Chirurgie Orthopédique et Sportive- L'IRCOS - Paris 16 I Clinique Jouvenet
Clinique de l'Épaule et de la Main Paris Ouest - CEMPO - Neuilly sur Seine
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